L’achat de jeux pédagogiques, un essentiel pour stimuler le langage des enfants?

L’achat de jeux pédagogiques, un essentiel pour stimuler le langage des enfants?

Orthophonistes, parents, enseignants, éducateurs spécialisés… quand il s’agit de faire progresser le langage de nos p’tits cocos, on aime se sentir outillé ! Mais est-ce que cela passe nécessairement par le fait d’acheter du matériel? Je vous propose ma réflexion sur le sujet.

La tentation du beau

Quand on est recherche de jeux pour stimuler le développement langagier d’un enfant – soit dans un parcours harmonieux de développement, soit dans un parcours qui nécessite un soutien dans l’acquisition des compétences langagières et de communication – on peut avoir tendance à raisonner de la sorte : « Plus j’achète de matériel de stimulation langagière, plus je donne d’opportunités à l’enfant d’apprendre ». D’ailleurs, les marques rivalisent de génie pour nous donner envie d’acquérir le dernier jeu de leur collection « Langage » ou la nouveauté censée révolutionner la stimulation langagière dans notre quotidien. Les rayons des magasins de jeux et d’activités d’apprentissage fourmillent aujourd’hui de matériel aux couleurs chatoyantes et au graphisme attrayant.

L’argument de la pédagogie

Mais quand on s’intéresse à l’univers de la stimulation langagière, on n’est pas simplement esthète : on cherche à être « pédagogique ». Et les marques ne s’y trompent pas : elles s’entourent de plus en plus d’experts dans le but de donner une crédibilité à leurs produits et créent des jeux estampillés « pédagogiques ». C’est ainsi que les livrets accompagnant les jeux sont devenus de plus en plus étoffés et pointus. Les experts eux-mêmes, dont des orthophonistes, développent leur propre matériel, en connaissant mieux que personne les besoins des intervenants qui gravitent autour des enfants et des jeunes vivant des difficultés dans la sphère langagière.

VOUS êtes le vecteur d’apprentissage

Le marché des jeux gagnant toujours plus en diversité et en pertinence, il devient tentant, plus que jamais, de remplir ses placards de jeux en tout genre. La profession d’orthophoniste me donne l’occasion de croiser la route de familles qui ont toutes une vision et une expérience propre du jeu en famille et de l’apprentissage. Nombre d’entre elles ont acheté des jeux réunissant, selon l’étiquette, les aspects ludique et pédagogique. Le fait d’acquérir ces jeux ne serait donc pas une fin en soi.

Je ne nierai pas que certains jeux du commerce sont extrêmement intéressants pour accompagner un enfant dans son développement langagier, dont : les jeux ciblant une compétence précise (par exemple : un matériel qui permet de manipuler les différentes structures syllabiques des mots), les jeux permettant d’accéder à un univers (par exemple : un jeu sur les dinosaures pour un amateur de ce thème), ou encore les jeux utilisés dans plusieurs contextes de vie de l’enfant (par exemple : le jeu de société qu’un enfant a découvert en orthophonie ou en stimulation du langage, et qui peut être joué à la maison). Toutefois, rappelez-vous toujours que c’est vous qui insufflez l’apprentissage, pas le jeu.

Prenons l’exemple de ce qui se passe dans le bureau de l’orthophoniste. Venez, entrez, ne restez pas à la porte ! En observant l’orthophoniste dans son travail quotidien, vous constaterez qu’un même jeu peut être utilisé de 5, peut-être parfois de 10 manières différentes! Selon l’objectif langagier poursuivi et selon les caractéristiques de l’enfant (son âge, sa personnalité, ses goûts, son rythme d’apprentissage, sa motivation), l’orthophoniste fera varier le jeu : tantôt elle « tordra » les règles originelles, tantôt elle respectera les règles du jeu à la lettre, tantôt elle mettra en place un jeu collaboratif ou au contraire compétitif, tantôt elle jouera avec tout le matériel du jeu, tantôt elle se contentera d’un dé ou de quelques cartes, et tantôt elle intégrera au jeu d’autres matériels (issus d’un autre jeu ou de sa création).

Sortons maintenant du bureau de l’orthophoniste pour aller à la maison, à la garderie, à l’école, etc. Eh bien tous ces lieux regorgent de ressources formidables pour apprendre, et les ressources matérielles n’en constituent qu’une infime partie.

Voici 2 questions que vous pouvez vous poser avant d’embarquer en voiture direction les grands magasins à la recherche d’un nouveau jeu :

1- Ai-je assez de ressources en moi pour aider cet enfant à développer son langage?

Si oui, vous avez certainement assez d’atouts dans votre manche pour la stimulation du langage, peu importe le matériel utilisé.

Si non, n’hésitez pas à consulter une orthophoniste, qui saura vous guider sur les stratégies de stimulation langagière les plus efficaces, peu importe le matériel utilisé.

2- Ai-je déjà à la maison ou dans mon bureau le matériel nécessaire pour stimuler les défis langagiers de cet enfant?

Si oui, pourquoi ne pas faire avec ce que vous avez déjà en main? Par exemple : pour travailler le vocabulaire des vêtements, pourquoi ne pas manipuler du vrai linge? Pour travailler la comptine numérique, pourquoi ne pas compter les ingrédients d’une recette? Pour travailler le tour de rôle, pourquoi ne pas bricoler ensemble un jeu de cartes?

Si non, faites l’acquisition du matériel spécifique ou plus difficile à créer. Misez sur les jeux qui suivront l’enfant sur plusieurs années, qui sont durables et surtout qui l’intéressent.

Bonne réflexion à toutes et à tous!


Article rédigé par Léa Rodriguez

Léa Rodriguez Orthophoniste à la clinique un Museau vaut mille Mots

Léa a obtenu sa maîtrise en orthophonie à Lyon, en France, avant d’obtenir l’équivalence québécoise de son diplôme et de devenir membre de l’OOAQ.

Elle a travaillé auprès des tout-petits, pour qui elle a développé des évaluations et des interventions. Elle a également collaboré avec un réseau de garderies privées où elle a mené des groupes de sensibilisation précoce au langage écrit pour les enfants de 3-5 ans, des ateliers pour parents et éducateurs à la petite enfance et des activités de dépistage langagier. Elle possède une expertise avec la clientèle TSA.

Elle tourne aujourd’hui son exercice vers une pratique innovante : la téléorthophonie. Elle assure ainsi l’évaluation et le suivi orthophonique de votre enfant depuis son bureau de Québec. Léa a d’ailleurs développé une réelle expertise en la matière.

Léa croit beaucoup à la collaboration entre un enfant, son entourage et l’orthophoniste. Ses interventions se veulent bienveillantes et respectueuses de l’unicité, des valeurs et de l’histoire de votre famille. Elle offre à votre enfant des services personnalisés, adaptés à ses forces et à ses petits et grands défis.


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