Les écrans et le développement du langage
Alors que nous avons connu une année 2020 si particulière, nous avons tous et toutes été confrontés à la question de l’exposition aux écrans, et ce constat est d’autant plus vrai pour les parents de jeunes enfants. Télévision, tablette, cellulaire, ordinateur, jeux vidéo : avez-vous vous aussi réalisé la place de nos écrans dans votre bulle familiale ? Parce que c’est une évidence : le monde numérique s’est fait la part belle dans notre quotidien et amène son lot de beaux avantages, mais aussi de questionnements. Pour nous aider à y voir plus clair, la Société canadienne de pédiatrie a défini des lignes directrices pour guider les familles sur la question de la gestion des écrans.
Le lien entre exposition aux écrans et langage : ce que l’on sait
Les chiffres sont parlants : en 2014, les Canadiens de 3 à 5 ans passaient en moyenne 2 heures par jour devant un écran (en particulier la télévision), et cette tendance est à la hausse. Si on ne sait pas encore si une exposition aux écrans dès le plus jeune âge modifie le cerveau en développement, on sait toutefois que les jeunes enfants ont de la difficulté à transférer des apprentissages faits en 2D (sur l’écran) à la 3D (dans la réalité). En effet, un enfant apprend et appréhende le monde grâce aux interactions humaines et aux manipulations d’objets.
Si dans les faits, des émissions ou applications éducatives de qualité et adaptées à l’âge de l’enfant peuvent compléter l’apprentissage du langage et des compétences en littératie, cet enseignement devrait être occasionnel et se montre bien plus efficace lorsqu’il implique la participation active des parents.
La prudence est de mise concernant l’exposition précoce aux écrans : les données scientifiques récentes suggèrent une association entre l’exposition intense aux écrans et des difficultés de développement chez les tout-petits, notamment chez ceux qui présentent d’importantes difficultés de langage (anciennement nommées « retard de langage »).
Une autre donnée essentielle est qu’un écran qui fonctionne en fond sonore nuit au développement et à l’utilisation du langage. Pensez-y : lorsque la télévision est allumée et que vous échangez avec votre enfant, il sera plus facilement distrait de ses jeux et de ses interactions… tout comme vous !
Il en résulte donc des échanges parent-enfant moins riches et moins nombreux. Des moments sans écran sont donc indispensables aux enfants pour construire leur imaginaire, élaborer leurs jeux, développer le langage et les comportements prosociaux.
L’équation est simple : diminution du temps d’écran = augmentation du temps familial d’échange et de jeu + apprentissage de l’enfant.
Les meilleures pratiques à adopter
Limitez le temps d’écran en fonction de l’âge de votre enfant :
- De 0 à 2 ans : pas d’écran.
- De 2 à 5 ans : moins d’une heure par jour d’exposition aux écrans.
Si vous souhaitez mener avec votre enfant des expériences d’apprentissage numérique, le mot-clé est l’accompagnement : vous choisirez et contrôlerez ainsi le contenu auquel votre enfant est exposé et pourrez l’aider à cheminer entre monde numérique et monde réel, en gardant toujours une place prépondérante pour l’apprentissage dans le monde physique.
Choisissez l’option d’offrir à votre enfant des lectures interactives sur livre papier plutôt que sur livre numérique : ils permettent davantage d’apprentissages dans le plaisir et des expériences multisensorielles inégalables (le jeune enfant met le livre à la bouche, le sent, tourne les pages, le manipule). De plus, il est déconseillé de faire la lecture du soir avec un livre numérique : les écrans auraient potentiellement des effets négatifs sur la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil.
Les moments d’activités en famille (repas, jeux, sorties) devraient se dérouler sans écran, tant ils constituent de merveilleuses sources d’éveil langagier et social.
Enfin, la Société canadienne de pédiatrie souligne le fait qu’il est « beaucoup plus facile d’établir des limites significatives lorsque les enfants sont jeunes et de les appliquer à toute la famille que de retrancher du temps d’écran lorsque les enfants sont plus âgés ».
Alors… vous sentez-vous outillés pour accompagner vos enfants dans leur douce mise en contact avec les écrans ?
Source : https://www.cps.ca/fr/documents/position/le-temps-d-ecran-et-les-jeunes-enfants
Pour aller plus loin :
HabiloMédias, le site du Centre canadien d’éducation aux médias et de littératie numérique : https://habilomedias.ca/pour-parents
Article « Lire sur papier, lire sur écran : en quoi est-ce différent ? » : https://theconversation.com/lire-sur-papier-lire-sur-ecran-en-quoi-est-ce-different-112493 utm_source=facebook&utm_medium=facebookbutton&fbclid=IwAR2fIHZdhABDizCZxlI6U5U5Npj0Kzob70Kq_YvHKjhE9sulPZCbALCwcrw
Article rédigé par Léa Rodriguez
Léa a obtenu sa maîtrise en orthophonie à Lyon, en France, avant d’obtenir l’équivalence québécoise de son diplôme et de devenir membre de l’OOAQ.
Elle a travaillé auprès des tout-petits, pour qui elle a développé des évaluations et des interventions. Elle a également collaboré avec un réseau de garderies privées où elle a mené des groupes de sensibilisation précoce au langage écrit pour les enfants de 3-5 ans, des ateliers pour parents et éducateurs à la petite enfance et des activités de dépistage langagier. Elle possède une expertise avec la clientèle TSA.
Elle tourne aujourd’hui son exercice vers une pratique innovante : la téléorthophonie. Elle assure ainsi l’évaluation et le suivi orthophonique de votre enfant depuis son bureau de Québec. Léa a d’ailleurs développé une réelle expertise en la matière.
Léa croit beaucoup à la collaboration entre un enfant, son entourage et l’orthophoniste. Ses interventions se veulent bienveillantes et respectueuses de l’unicité, des valeurs et de l’histoire de votre famille. Elle offre à votre enfant des services personnalisés, adaptés à ses forces et à ses petits et grands défis.