Je perds régulièrement ma voix… que dois-je faire ?

Je perds régulièrement ma voix… que dois-je faire ?

Il est possible de prévenir des troubles vocaux par quelques gestes simples du quotidien : boire régulièrement de l’eau, éviter ou adapter les situations invitant à parler fort, privilégier la respiration nasale, et prendre globalement soin de soi. Si la voix est déjà abîmée : chuchoter, tousser et racler sa gorge sont à éviter.

Qu’est-ce que la voix ?

Petite expérience pour mieux comprendre :

Prenez un ballon de baudruche et gonflez-le. Avec les deux mains, pincez les bords de l’ouverture entre le pouce et l’index. Éloignez vos mains l’une de l’autre. L’air passant par l’ouverture (devenue fente) va faire vibrer les parois et produire un son. Ce qu’il se passe avec ces deux parois est à peu près ce qu’il se passe dans votre gorge lorsque vous parlez.

Nous avons deux cordes vocales, fixées horizontalement en deux points sur un os de la gorge. Alors que les fixations avant ne bougent pas, les fixations arrière sont mobiles, permettant alors l’ouverture et la fermeture de l’espace entre les deux cordes vocales. Lorsque cet espace est ouvert, l’air entre dans les poumons et en sort facilement : c’est la respiration. Quand cet espace est fermé, l’air sortant des poumons reste bloqué sous les cordes vocales collées l’une contre l’autre. La quantité d’air bloqué augmente jusqu’à ce que les cordes vocales ne puissent plus le retenir et le laisse s’échapper. En passant entre elles, l’air va créer une vibration : c’est la voix.

Que se passe-t-il lorsque je perds ma voix ?

Les raisons d’un trouble vocal sont multiples et variées. Il peut s’expliquer par une ampoule sur les cordes vocales (appelé nodule, dû à une mauvaise utilisation de sa voix par exemple), par un œdème (dû au tabac par exemple), par un virus (une laryngite par exemple) ou encore par la paralysie d’une corde vocale (suite à une intervention chirurgicale, par exemple).

Quelle qu’en soit l’origine, si un élément empêche les deux cordes de se coller complètement l’une contre l’autre, il se crée une fuite d’air et la vibration se fait moins bien.

Qui contacter lorsque je perds ma voix ?

Si vous perdez régulièrement votre voix, commencez par contacter votre médecin de famille. Celui-ci pourra, au besoin, vous orienter vers un oto-rhino-laryngologue (ORL) qui saura trouver l’origine du problème. Il est ensuite fortement conseillé de consulter un orthophoniste. Ses soins viseront à :

  1. Vous donnez des conseils personnalisés, et réfléchir avec vous à des stratégies pour mieux utiliser vos cordes vocales au quotidien
  2. Faire disparaître ou atténuer la source du problème (supprimer la paralysie, réduire la taille du nodule etc.) par le biais d’exercices spécifiques

Dans certains cas, les séances d’orthophonie peuvent vous permettre d’éviter une opération chirurgicale.

Que faire pour éviter de perdre ma voix ?

Comme nous l’avons déjà mentionné, les pertes de voix peuvent s’expliquer de différentes manières. Chaque type de désagréments responsables d’une voix éraillée, voire absente, nécessite une prise en charge particulière avec des exercices spécifiques. Toutefois, il est possible de protéger ses cordes vocales au quotidien par des gestes simples.

Benjamin, professeur, témoigne : « Je passe toute ma journée à parler, parfois à hausser le ton, et j’avoue que parfois j’en ai la bouche pâteuse, collante. Mon orthophoniste m’a expliqué que ce qu’il se passait dans ma bouche se passait également dans ma gorge. En gros, mes cordes vocales devenaient aussi pâteuses et collantes. Lorsqu’elles sont dans cet état, sans m’en rendre compte, je dois davantage forcer pour les décoller, pouvant causer de petites blessures.

Depuis, je garde toujours une bouteille d’eau à portée de main. Je dois reconnaître que j’ai moins mal à la gorge, et plus jamais la bouche pâteuse ! » En résumé : buvez de l’eau !

Qui est à risque?

Même s’ils sont particulièrement exposés, les professeurs ne sont pas les seuls à souffrir d’extinction de voix (le fait de perdre sa voix). Certaines habitudes familiales peuvent aussi favoriser la fragilisation vocale.

Sylvie a pu identifier l’une d’entre elles : « avec ma famille, et particulièrement mes enfants, on a tendance à communiquer par pièces interposées. Je suis dans le salon, ma fille est dans la salle de bain à l’étage, je vais avoir tendance à crier à travers la maison pour lui dire de me laisser de l’eau chaude. Comme je suis loin d’elle, que l’eau coule déjà, qu’elle ne peut pas voir mes gestes ou mes mimiques… elle me fait répéter. Ce que je fais, encore plus fort ! Je ne vous dis pas le mal de gorge.

Maintenant, même si c’est un peu plus contraignant, je me déplace pour lui dire ce que j’ai à dire. Mes cordes vocales revivent ! »

Les mauvaises habitudes !

Comme les habitudes familiales, certaines positions corporelles entrainent des crispations dans la région du cou : lorsque vous discutez, il faut alors les éviter. Veillez par exemple à ne pas coincer votre téléphone entre votre joue et votre épaule lors de conversations téléphoniques : attendez la fin de votre appel pour utiliser vos deux mains, ou bien privilégiez un kit main libre. Des muscles crispés au niveau du cou pendant la parole entraînent des tensions au niveau des cordes vocales, favorisant la formation de nodules. Toujours concernant les habitudes corporelles, privilégiez la respiration par le nez plutôt que par la bouche : en passant par les narines, l’air est humidifié, chauffé et nettoyé, réduisant ainsi les risques d’irritation comme de bactéries sur les cordes vocales. Si la respiration nasale (par le nez) vous paraît très difficile, demandez l’avis de votre ORL.

Les risques du métier !

Certains métiers sont aussi plus propices à développer et entretenir des troubles vocaux (professeurs, attention ! vous êtes les plus touchés). Si vous exercez un métier vous amenant à parler beaucoup, fort, et/ou à de nombreuses personnes, n’hésitez pas à échauffer votre voix ainsi qu’à la soulager en recourant à des outils variés. Pour vous adresser à une assemblée, servez-vous d’un micro (attention aux tensions musculaires avec les micros en tour de cou). Pour attirer l’attention ou bien demander le silence, tapez des mains ou bien utilisez un objet bruyant (exemple : un sifflet). Pour transmettre des informations, n’hésitez pas à vous servir de supports écrits. Ce ne sont que des exemples, vous pouvez imaginer toutes les astuces que vous voulez pour éviter de forcer sur votre voix.

Trucs pour la vie personnelle 

Enfin, dans la vie personnelle comme professionnelle, un des meilleurs conseils pour protéger vos cordes vocales reste de prendre soin de vous. Favorisez une alimentation saine et modérez votre consommation d’alcool. En effet, la nourriture grasse, tout comme les boissons alcoolisées, augmentent le risque de reflux gastro-œsophagien. Il s’agit d’un liquide très acide qui remonte de l’estomac vers l’œsophage, et qui irrite les tissus proches des cordes vocales. Pour ces mêmes raisons, fumer est vivement déconseillé, car en plus de provoquer des irritations, la cigarette assèche les cordes vocales et favorise l’apparition d’œdèmes.

En trop grande quantité, le café et le chocolat seraient également mauvais pour les cordes vocales. Au-delà de l’alimentation, le manque de sommeil ainsi que le stress peuvent aussi avoir un effet néfaste sur la voix.

Au contraire, une activité physique régulière (en lien avec la respiration), une attitude « relaxe » et des émotions positives (en lien avec la diminution des tensions corporelles) seraient bénéfiques. Bref, dorlotez-vous, chérissez votre corps et votre esprit !

Que faire quand la voix est abîmée ?

Un suivi orthophonique est fortement conseillé en cas de la perte (totale ou partielle) de votre voix. Le bilan lors du premier entretien, ainsi que le diagnostic du médecin, permettront à l’orthophoniste de vous proposer des exercices adaptés pour résoudre votre problème vocal.

En plus de tous les conseils donnés pour protéger les cordes vocales (toujours valides une fois la voix abîmée), d’autres précautions importantes sont à prendre.

Commencez par économiser votre voix : parlez le moins possible. Le repos vocal est nécessaire pour soulager votre voix fatiguée.

Contrairement à ce que l’on a spontanément envie de faire, il faut absolument éviter de chuchoter. En effet, afin de rendre votre message plus audible et ainsi plus compréhensible, vous aurez tendance à forcer votre chuchotement. Ce chuchotement forcé est en vérité source de bien plus de tensions au niveau des cordes vocales (et des muscles du haut du corps en général) que la voix parlée. Ainsi, parlez le moins possible, mais si vous n’avez pas d’autres solutions, ne le faites pas en chuchotant.

Même si cela peut paraître compliqué à mettre en place : évitez de racler votre gorge ainsi que de tousser. L’un et l’autre peuvent créer ou accentuer les blessures aux cordes vocales.

En ce qui concerne les pastilles à sucer pour la gorge, les études se contredisent. Elles permettent de réduire la douleur, mais ce faisant, elles suppriment le système d’alarme visant à protéger vos cordes vocales, en vous forçant à diminuer leur mouvement. Le mieux est de demander conseil à votre médecin.

Ce qu’on doit faire, en résumé !

La voix est créée par la vibration de deux cordes vocales. Lorsqu’une blessure quelconque empêche leur accolement, la vibration se fait moins bien et la voix est abimée. Les ORL permettent de diagnostiquer l’origine du trouble, puis l’orthophoniste essaie de le supprimer au moyen d’exercices spécifiques. Pour éviter un trouble vocal, plusieurs préconisations existent : hydratez bien votre corps, utilisez des stratégies pour limiter la voix forte, évitez les positions qui donnent des tensions dans le cou, respirez par le nez et prenez soin de vous. Lorsque le trouble vocal est déjà installé, les mêmes conseils sont à appliquer : parlez le moins possible, bannissez le chuchotement, évitez de tousser et de racler sa gorge.


Article rédigé par Aurélie Grossmann, Orthophoniste #4041
agrossmann@unmuseau.com

Aurélie Grossman Orthophoniste

Après l’obtention de son Master en Logopédie, en 2005, à l’Université de Liège en Belgique, elle a été chargée de rééduquer des enfants et des adultes atteints de troubles de la communication orale et écrite, ainsi que des troubles de la voix, de la déglutition et de l’oralité alimentaire.

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