Ma fille parle sur le bout de la langue… C’est grave?

Ma fille parle sur le bout de la langue… C’est grave?

Tous les enfants ne se développent pas de la même façon. Certains vont plus vite que d’autres pour marcher, pour parler ou pour être propres, faut-il s’inquiéter si un enfant de 3 ans et demi a un défaut de prononciation ?

Eléonore a trois ans et demi. Après la visite chez son médecin, on m’a conseillé de consulter en orthophonie parce qu’elle parle sur le bout de la langue, elle ne sait pas dire les [ch] et les [j] et sinon tout le reste va bien ; je trouve que c’est un peu tôt quand même.

Du coup, j’en ai parlé autour de moi, mes amies disent qu’elle est encore très « bébé ». Il faut dire que c’est ma petite dernière et je reconnais que je la chouchoute beaucoup. Mon mari s’énerve des fois en disant que je la laisse trop faire et que je passe desfois derrière lui quand il lui interdit quelque chose ; mais bon, elle est encore petite quand même…

Ses frères et sœurs râlent aussi en disant qu’au même âge, je ne faisais pas pareil avec eux. C’est vrai qu’elle n’est pas en avance pour certaines choses ; elle met encore des couches la nuit, fait souvent des comédies la nuit pour dormir avec nous et pas moyen de lui faire lâcher sa tétine et son biberon du matin.

Elle met sa langue entre les dents, mais c’est tout, sinon elle a parlé de bonne heure comme ses frères et sœurs et elle comprend tout sauf quand elle veut me faire tourner en bourrique.

Les difficultés de langage dépistées par le médecin sont évocatrices d’un défaut d’articulation. Cela veut dire que ce n’est pas grave et qu’une consultation orthophonique n’est pas forcément urgente. Elle n’a que trois ans et demi et il arrive que ces sons soient acquis un peu plus tardivement que les autres.

Si ces troubles persistent encore à quatre ans et demi, il faudra bien sûr consulter l’orthophoniste en demandant une requête au médecin de famille.

Le contexte que vous décrivez est évocateur d’une certaine immaturité pour laquelle il serait nécessaire par contre d’agir afin de prévenir l’apparition d’une anxiété par exemple.

Le statut de « petite dernière » lui donne l’illusion de toujours avoir ce qu’elle veut et n’est pas compatible avec la nécessité de devoir faire des efforts pour apprendre quelque chose : lire, écrire, compter, etc.

Cela ne remet évidemment pas en cause le lien avec votre fille et tout le monde peut y gagner de l’aider à grandir psychiquement. Cela permettra aussi d’éviter des tensions familiales qui finiraient par surgir.

Votre position de « juge et partie » n’est pas forcément idéale pour y parvenir, vous pouvez au besoin faire appel à une psychologue pour quelques séances afin de vous aider.

Solutions

  • L’évaluation sera à envisager si le problème persiste encore dans quelques mois.
  • Passez du temps avec elle à raconter des histoires, lui en lire.
  • Ne pas la reprendre systématiquement sur les sons qu’elle ne sait pas encore dire.
  • Aidez-la à arrêter la tétine et le biberon.
  • Vous pouvez l’aider à grandir en modifiant quelques aspects éducatifs :
    • Ne pas toujours devancer ce dont elle a besoin, lui laisser le temps de demander.
    • La laisser faire des choses toute seule même si elle se trompe parfois.
    • Ne plus céder aux caprices.
    • Ne plus dormir avec elle.
    • Passer les consignes à l’entourage.
    • Se concerter entre conjoints pour donner le même avis.
    • Lui montrer l’intérêt de grandir.

Article rédigé par Aurélie Grossmann, Orthophoniste #4041
agrossmann@unmuseau.com

Après l’obtention de son Master en Logopédie, en 2005, à l’Université de Liège en Belgique, elle a été chargée de rééduquer des enfants et des adultes atteints de troubles de la communication orale et écrite, ainsi que des troubles de la voix, de la déglutition et de l’oralité alimentaire. Aurélie travaille avec l’équipe de la clinique Un Museau vaut mille Mots depuis un peu plus d’un an.

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